Discours de Michel Bénard
lors du vernissage de l’exposition du 05 au 18 Janvier 2018
à la Société des Poètes français, espace « Mompezat »
Bien chers(es) amis(es) bienvenues à tous et veuillez accepter tous les bons vœux de la Société des Poètes Français pour 2019 où nous optons pour un nouvel et humaniste élan d’espoir.
Nous sommes très heureux de vous accueillir autour de nos deux artistes, très talentueux autant que singuliers, Larissa Noury, créatrice multidimensionnelle et Edouard Dullin jeune sculpteur des plus prometteurs orientant sa création vers l’essentiel de la ligne esthétique.
Dans un esprit de poésie courtoise en premier lieu je me tournerai vers Larissa Noury créatrice protéiforme, puisqu’elle conjugue et associe les arts par des formes d’expressions les plus variées.
Pour être franc Larissa Noury me déséquilibre un peu car elle est un peu comme ces boules miroir de dancing qui jettent mille éclats lumineux à la fois. La tâche n’est pas simple convenez en, car notre artiste a un parcours des plus riches et atypiques.
Née en Biélorussie, aujourd’hui elle vit et travaille à Paris sur le mont le plus célèbre du monde, le « Mont-Martre ».
Sa formation universitaire est des plus sérieuses, art, architecture, coloriste urbaniste, Doctorat de l’école polytechnique de Minsk et cerise sur le gâteau école des Beaux-arts de Saint Petersbourg etc.
Grande spécialiste de la couleur elle est fondatrice de l’association C.E.C « Couleurs-Espace-Culture » dans l’esprit du célèbre maître du genre Michel Pastoureau son directeur de doctorat et préfacier des ouvrages dont Larissa Noury est l’auteure traitant de la couleur dans la ville et dans la vie.
Peintre confirmée tant classique que moderne Larissa Noury a étendu son talent à la mode en devenant styliste et coloriste, soutenue par un ancien collaborateur d’Yves Saint Laurent. A ce stade nous nous retrouvons dans une parfaite harmonie et complémentarité entre les tableaux et les robes de haute couture.
Larissa Noury a la chance d’avoir pu exposer dans les grandes capitales ou villes du monde entier, Orient, Occident. Aux Etats Unis aussi.
Mais revenons à ce que nous est visible et tangible aujourd’hui au-delà de sa superbe robe que porte Larissa Noury et qui nous enchante, sa peinture.
Les œuvres de Larissa sont de la meilleure tenue, le travail est très professionnel et nous plonge dans un florilège de couleurs harmonieusement équilibré et fondu. Tout est de douceur et de délicatesse sorte de poudroiement d’ailes de papillons. Larissa Noury use beaucoup des pigments purs qu’elle mêle à la matière et travaille avec les doigts, jusqu’à trouver la judicieuse fusion chromatique, les justes rapports colorés sur la partition des mille nuances et des déclinaisons dégradées. Chez elle tout se veut tactile, à la mesure de la main. Elle effleure de couleurs ses toiles, les caresse pour les rendre encore plus séduisantes, les métamorphoses nous surprennent et nous transportent dans un univers intemporel.
Au regard de certaines œuvres, je m’imagine parfaitement des cartons pour l’exécution de vitraux, ce qui serait magnifique, sorte de transcendance spirituelle loin de toute dogmatique, rien que la beauté, le rythme, l’harmonie et l’amour des couleurs.
Larissa Noury s’exerce à rédiger de petits poèmes très évocateurs où elle transmet son ressenti, ce qui nous permet de mieux percevoir sa démarche et le but escompté.
L’art pour elle est une globalité, un tout qui se confond à l’universel, graphismes, formes, couleurs se mêlent, se déclinent, nous passons des tons chauds presque sensuels aux tons froids qui nous plongent dans les abysses les plus profonds.
Larissa Noury materne, nourrit ses œuvres de la pointe des doigts pour y déposer le pigment, il y a ici comme un geste de fécondation, de germination. Ses œuvres pourraient presque se lire au simple touché, la matière détient son propre langage, sa poésie et d’ailleurs si vous êtes attentifs et observateurs, prenez alors le temps nécessaire et vous découvrirez un peu à la manière d’un palimpseste des traces d’écriture et de poésie incrustées dans la matière.
Oui prenez le temps de regarder une à une les œuvres de Larissa Noury qui réfléchissent un monde hors du temps, un monde presque intangible, mais toujours gorgé d’harmonie et de vie, mais surtout d’un univers où règne la beauté des couleurs.
Edouard Dullin : sculpteur
Maintenant je me tourne vers notre jeune sculpteur, Edouard Dullin, dont l’œuvre se marie parfaitement aux travaux de Larissa Noury, lignes épurées et harmonies colorées sont au rendez-vous. Le lien ne se résume pas qu’aux couleurs car le principe de l’approche tactile est bien présent.
Edouard Dullin s’intègre bien à la mouvance de sa génération où le numérique prend une place non négligeable dans le principe de ses œuvres, car il a bien conscience que ces nouveaux moyens de communications sont indissociables de nos vies.
Edouard Dullin tente de composer l’idée du geste, du reflexe, de l’impalpable, la relation au numérique est incontournable, ce qui d’ailleurs donne une force très personnelle à son œuvre dont l’acte reste lié à la main.
Chez lui la ligne, le volume, sont dynamiques, épurés, il joue avec la lumière se réfléchissant sur les angles vifs de ses sculptures. Il rêve un peu par défit, par bravade, ce qui fait la force de sa jeunesse, de modeler l’impalpable, de représenter le monde subtile et intangible du numérique, de souligner les phénomènes parallèles inconscients. Ce qui s’avère un rude défit, un comble même, dans une discipline où règne la matière, le solide.
Véritable dualité entre le formel et le virtuel, saisir l’instant invisible mais programmé. Le numérique, le connecté modifient nos gestes, nos réflexes conditionnés, mais parfois la posture demeure car il y a peu de différence dans le geste entre le primitif tenant sa pierre taillée, le scribe gravant sa plaque d’argile et nos contemporains manipulant par addiction leurs smartphones.
Edouard Dullin tente de saisir la mutation qui nous vivons ou subissons actuellement et de l’immortaliser en la façonnant dans la matière. Preuve incontestable de la fragilité et vulnérabilité de notre société en déshumanisation, forte de ses illusions et faiblesses d’une implacable réalité qui viendra l’anéantir.
Edouard Dullin porte sans doute à ce titre d’artiste le pressentiment de la vulnérabilité de notre société, de son système périmé, ce qui explique sans doute la nécessité pour lui de fixer ses dans la matière, de le pérenniser dans le solide, le stable.
L’œuvre repose sur la communication, le multiple, le virtuel, l’outil intermédiaire qui modifie le geste et transforme le langage et la communication.
Observez ses œuvres, leur esthétique, l’épuration, la symbolique gestuelle fruit d’une observation précise.
Edouard Dullin se veut un nouvel explorateur de l’humanité mutante de notre histoire en métamorphose perpétuelle, mais jusqu’à où nous conduira cette évolution ou involution préludant un humanoïde dépourvu de sensibilité, d’âme, d’humanité, sorte de robot en perte de sens.
Mais au-delà de la main mise d’un système se délitant les liens des générations demeurent et l’ancien porteur de sagesse passe, comme le symbolise l’œuvre « Pseudonyme, » le relai de l’espérance à la jeunesse.
Qui mieux qu’Edouard Dullin peut faire la conclusion et ici je reprends ses mots.
« Je cherche à épurer mes sculptures des stigmates culturels pour les revêtir d’une part d’intemporalité ; l’inspiration des représentations antiques ou primitives replace mon travail dans une histoire en perpétuelle évolution. »
Michel Bénard